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Comment la législation européenne traite-t-elle les cartels ?

29 mars 2024

Définition et fonctionnement des cartels

Les cartels sont des accords ou des pratiques concertées entre des entreprises concurrentes visant à coordonner leur comportement compétitif sur le marché. Ils peuvent prendre plusieurs formes, y compris la fixation des prix, la limitation de la production, le partage des marchés ou des clients, ainsi que les ententes sur les offres dans le cadre de procédures d'appel d'offres. En bref, les cartels sont des accords entre entreprises visant à limiter la concurrence entre elles.

Les cartels sont souvent secrets car leur objectif est d'augmenter les prix ou de réduire l'offre, au détriment des consommateurs. Les membres du cartel peuvent également chercher à établir des barrières à l'entrée sur le marché pour empêcher de nouveaux concurrents d'entrer. Cela peut se faire par des moyens tels que le contrôle des matières premières, l'adoption de normes techniques exclusives ou l'obtention de droits exclusifs sur certaines technologies.

Les membres du cartel peuvent également mettre en place des mécanismes pour sanctionner tout membre qui ne respecte pas leurs accords. Ce type de comportement est souvent appelé "guerre des prix".

Toutes les formes de cartels sont illégales au sein de l'Union européenne. La législation européenne considère que lceux-ci violent les principes de libre concurrence, au cœur du marché unique européen. Les entreprises qui participent à des activités de cartel peuvent être lourdement sanctionnées.

Les lois européennes contre les cartels

Les lois européennes contre les cartels sont principalement régies par l'article 101 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) qui interdit les pratiques concertées entre entreprises ayant pour objet ou pour effet d'entraver, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence au sein du marché intérieur. Cette interdiction couvre une variété de comportements anticoncurrentiels, y compris la fixation de prix, le partage de marché, les pratiques restrictives verticales et, bien sûr, la participation à un cartel.

La Commission européenne, en tant que principal organe de mise en œuvre de la politique de concurrence de l'UE, a le pouvoir d'enquêter sur les infractions présumées à l'article 101 du TFUE, et d'exiger qu'elles mettent fin à leurs comportements anticoncurrentiels. Les sanctions peuvent être sévères, les entreprises risquant des amendes pouvant atteindre 10% de leur chiffre d'affaires mondial total. De plus, les entreprises peuvent être tenues responsables des dommages causés aux autres parties.

En plus des sanctions financières, les entreprises condamnées peuvent également subir des conséquences en termes de relations commerciales. Par conséquent, celles-ci sont fortement encouragées à mettre en place des programmes de conformité efficaces.

La législation européenne ne se limite pas seulement à sanctionner les cartels. Elle vise également à prévenir la formation de ces ententes illégales. Pour ce faire, la Commission européenne a mis en place des règles strictes concernant les fusions et acquisitions. Avant qu'une fusion ou une acquisition ne soit approuvée, elle doit être examinée pour s'assurer qu'elle ne créera pas une position dominante entravant la concurrence.

 

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La sensibilisation et l'éducation du public jouent un rôle crucial dans la prévention de la formation des cartels

Procédure de détection et de sanction des cartels

La détection et la sanction des cartels par l'Union européenne sont régies par des procédures strictes et rigoureuses établies par la Commission européenne. Celles-ci garantissent que toute action anticoncurrentielle est détectée, analysée et sanctionnée de manière appropriée pour maintenir l'équité et la concurrence sur le marché unique.

La surveillance du marché est une stratégie proactive utilisée par l'UE pour détecter les cartels. Elle inclut l'analyse des tendances du marché, des prix et des modèles d'achat. Les plaintes des consommateurs, des concurrents ou des autres parties intéressées sont également une source précieuse d'information. En outre, la Commission européenne encourage les entreprises à dénoncer les activités de cartel auxquelles elles ont participé en échange d'une immunité ou d'une réduction de l'amende, selon la valeur de l'information fournie, une méthode connue sous le nom de politique de clémence.

Une fois qu'un cartel présumé est détecté, la Commission européenne lance une enquête approfondie. Cette dernière peut comprendre des inspections sur place, des demandes d'information et des entretiens avec les parties concernées. La Commission a le pouvoir d'exiger des documents, des enregistrements et des preuves qui pourraient aider à prouver l'existence du cartel.

Si la Commission conclut qu'il y a eu violation des règles de concurrence de l'UE, elle peut infliger de lourdes amendes aux entreprises impliquées. Le montant de l'amende est déterminé en fonction de la gravité et de la durée de l'infraction. De plus, les décisions de la Commission peuvent être contestées devant les tribunaux de l'UE, garantissant ainsi le droit à un procès équitable.

Outre les sanctions financières, la Commission européenne peut également imposer des mesures correctives pour rétablir la concurrence sur le marché. Cela peut inclure l'obligation pour l'entreprise de cesser son comportement anticoncurrentiel, de modifier ses contrats ou ses pratiques commerciales, ou même de se séparer de certaines de ses activités.

Dans l'ensemble, la procédure de détection et de sanction des cartels par l'UE est conçue pour être exhaustive, équitable et dissuasive. Elle vise à protéger les consommateurs et les entreprises et à garantir la concurrence loyale sur le marché unique européen.

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Les cartels sont des accords entre entreprises visant à limiter la concurrence entre elles

Cas notables de cartels traités par la législation européenne

La législation européenne a fait face à plusieurs cas notables de cartels, dont certains ont suscité une attention médiatique considérable. L'un des plus retentissants a été celui de l'industrie des camions. En 2016, l'Union Européenne a infligé une amende de près de 3 milliards d'euros à des fabricants de camions pour avoir formé un cartel. MAN, Volvo/Renault, Daimler, Iveco et DAF ont été accusés d'avoir coordonné leurs prix et de s'être entendus pour retarder l'introduction de technologies réduisant les émissions polluantes. Ce cartel, qui a fonctionné pendant 14 ans, est considéré comme l'un des plus importants jamais traités par l'UE.

Un autre cas notable a été celui du cartel de l'acier inoxydable. En 2006, la Commission européenne a infligé une amende de 314 millions d'euros à des producteurs d'acier inoxydable pour leur participation à un cartel. Les entreprises impliquées comprenaient ThyssenKrupp, Arcelor, Outokumpu et Acerinox. Elles ont été accusées d'avoir fixé les prix et partagé les marchés pendant près de cinq ans.

Plus récemment, en 2018, huit producteurs de condensateurs, des composants électroniques, ont été condamnés à une amende de 254 millions d'euros pour participation à un cartel. Les entreprises, dont Panasonic et Rubycon, ont été reconnues coupables d'avoir fixé les prix pendant plus d'une décennie.

Enfin, en 2019, Google a reçu une amende record de 1,49 milliard d'euros pour abus de position dominante dans la publicité en ligne. La Commission européenne a jugé que Google avait abusé de sa position dominante sur le marché pour restreindre la concurrence et protéger son propre service de publicité, Google AdSense.

Ces cas illustrent la manière dont la législation européenne traite les cartels. Ils montrent également la détermination de l'Union Européenne à appliquer ses règles de concurrence et à imposer des amendes sévères pour dissuader les entreprises de participer à de tels comportements anticoncurrentiels.

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Toutes les formes de cartels sont illégales au sein de l'Union européenne

L'avenir de la lutte contre les cartels en europe : perspectives et défis

La lutte contre les cartels en Europe est un sujet qui reste, sans aucun doute, au cœur des priorités de la Commission européenne. Cependant, malgré les efforts déployés et les avancées réalisées, le futur de cette lutte s'annonce riche en défis et en perspectives.

Le premier défi réside dans l'adaptation au contexte mondial actuel. En effet, avec la globalisation économique, les cartels ne se limitent plus à une seule juridiction mais s'étendent au-delà des frontières nationales. Cela implique de repenser le cadre juridique existant et de renforcer la coopération entre les différentes autorités de concurrence à l'échelle internationale.

Le développement rapide des technologies numériques pose un autre défi majeur. Les cartels peuvent désormais utiliser ces technologies pour coordonner leurs activités, ce qui rend leur détection plus complexe. Par conséquent, il devient indispensable d'investir dans des outils d'investigation plus sophistiqués et d'améliorer les compétences techniques des enquêteurs.

Mais ces défis offrent également de nouvelles perspectives. L'évolution technologique, par exemple, pourrait permettre de détecter plus efficacement les activités illégales et d'améliorer la transparence dans le fonctionnement des marchés. De même, la coopération internationale pourrait conduire à des normes antitrust plus harmonisées, renforçant ainsi l'efficacité de la lutte contre les cartels à l'échelle mondiale.

Enfin, la sensibilisation et l'éducation du public jouent un rôle crucial dans la prévention de la formation des cartels. Il est essentiel d'encourager une culture de la concurrence, où les entreprises comprennent et respectent les règles, et où les consommateurs sont conscients de leurs droits.

 

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La législation européenne a fait face à plusieurs cas notables de cartels
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